Percé et L'île Bonaventure

Ici, j'ai retravaillé l'image qui montre Pellan qui arrive à Percé. L'image de Percé est une vieille photographie/carte postale que j'ai trouvé dans les archives photographiques de ma grande-tante dont l'époux est arrivé en Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale avec les forces armées canadiennes. L'angle est magnifique avec sa vue de haut sur le Rocher Percé. J'y ai ajouté comme fond un collage photographique de toiles de Matta d'après les originaux que j'ai photographié à Paris à Pompidou. Matta et Breton furent très proche à cette époque, ils ont travaillé sur les lames d'un jeu de tarot et Matta a réalisé une superbe couverture pour Arcane 17 (voir portrait de Breton devant la tour Eiffel). Plus j'avance, et plus le traitement visuel du projet se dirige vers une combinaison de réalisme et de poésie fantastique/surréaliste.


Extraits d'Arcane 17 par Breton

"La géométrie d'un temps non entièrement révolu exigerait pour s'édifier l'appel à un observateur idéal, soustrait aux contingences de ce temps, ce qui tout d'abord implique la nécessité d'un lieu d'observation idéal et, si tout m'interdit de me substituer à cet observateur, il n'en est pas moins vrai que nul lieu ne m'a paru se conformer si bien aux conditions requises que le Rocher Percé tel qu'à certaines heures il se découvre pour moi."



"L'île Bonaventure à quelques milles, garde son mirage : la légende veut qu'elle ait été le repaire d'un ogre qui, franchissant d'une enjambée de bras de mer, venait faire main basse sur les femmes et les jeunes filles de la côte, dont il garnissait ses vastes poches. De retour chez lui, son repas terminé, il lavait son linge à grande eau et le mettait à sécher sur les hautes falaises. L'imagination populaire ne pouvait mieux rendre compte de la persistance accusatrice et rayonnante des maculations de la roche, des efforts surhumains et de la prodigieuse quantité de mousse de savon en perpétuel rejaillissement figurée par ces plumages blancs qui ont été impuissants à les faire disparaître."

André Breton, Arcane 17